À Rome, tous les chemins mènent vers l’agriculture familiale

André D. Beaudoin
Secrétaire général
UPA Développement international
L’instabilité grandissante des systèmes alimentaires interpelle le monde entier — le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), José Graziano da Sylva. L’agriculture familiale procure de l’emploi, soutient la croissance économique et améliore la sécurité alimentaire mondiale — l’ex-président du Ghana, John Fofo. Cent millions de personnes sont sorties de la pauvreté grâce à l’agriculture familiale — la Reine des Pays-Bas, Maxima Zorreguieta défenderesse de la FAO. L’agriculture familiale est la clé de l’agriculture durable et de la biodiversité de la planète — le vice-président du Fonds international de développement agricole (FIDA), Michel Mordasini. Le pouvoir d’achat du Programme alimentaire mondial (PAM) est désormais au service de l’agriculture familiale — Éricain Cousin, directrice exécutive du PAM.
Toutes ces personnes étaient réunies, le 16 octobre dernier à la FAO, à Rome dans le cadre de la Journée mondiale de l’alimentation. Elles ont livré leur discours à la même tribune et surtout à la même enseigne. L’agriculture familiale était sur toutes les lèvres. Ce condensé de discours quasi militant en faveur d’une agriculture familiale était presque dérangeant tellement il détonnait du traitement que lui réserve l’économie dominante. C’est comme si la volonté d’agir ne suivait pas la raison.
Pourtant, il est difficile d’imaginer autant de personnalités influentes tenir un discours seulement pour satisfaire la galerie. Alors il faut se demander si le seul vrai dirigeant du monde actuel n’est pas le système économique. Tous les autres décideurs seraient-ils devenus des figurants à son service? C’est à croire que la tête n’a plus aucun contrôle sur cette fameuse main invisible du capitalisme. Elle serait devenue une excroissance d’un corps étranger à la réalité planétaire.
À moins que cette réalité planétaire oblige à réincarner des concepts inspirés de la fin de la Deuxième Guerre mondiale? Concepts qui ont donné naissance à ces grandes institutions des Nations Unies. Après tout, elles sont nées de la volonté de faire reposer le monde sur un meilleur partage, davantage d’égalité et de respect des droits. Les dirigeants de la FAO, du FIDA et du PAM ont tout simplement livré des discours en phase avec leur mission respective. Ils l’on fait, comme à chaque année, en espérant faire entendre raison.