Apprendre le ventre plein
Crédit photo : Hugo Beauregard-Langelier

Hugo Beauregard-Langelier
Chargé de programmes
UPA Développement international

50 %. En Haïti, ce chiffre représente la part des importations agroalimentaires dans l’offre alimentaire totale du pays et le pourcentage de la population vivant en milieu rural, dont la majorité pratique l’agriculture. En d’autres mots, un peuple dont près de la moitié de sa population cultive la terre se trouve à importer environ 50 % des produits agroalimentaires qu’il consomme. Malgré cette ouverture grandissante aux importations qui a cours depuis une trentaine d’années, certaines organisations croient qu’il est nécessaire d’inverser cette tendance. Le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence des Nations Unies qui lutte contre la faim dans le monde, a pour ambition de démontrer qu’il est possible, dans un pays comme Haïti, de nourrir la population locale en produits agricoles locaux.

Le point de départ de cette approche est la mise sur pied d’un projet pilote d’approvisionnement de cantines scolaires de la commune de Petite Rivière de Nippes en produits agricoles locaux. L’objectif du PAM est double. Il vise à développer l’économie haïtienne par l’achat de produits locaux et à stimuler la réussite scolaire par la distribution des repas aux élèves les plus défavorisés. Le projet en quelques chiffres se résume à nourrir 3 500 élèves par jour pendant deux années scolaires et appuyer 1 500 productrices et producteurs agricoles. Pour réaliser cet ambitieux projet, le PAM a fait appel à UPA Développement international (UPA DI) et à son partenaire haïtien, la Fondation pour le développement économique et social (FODES-5). La stratégie actuellement développée par UPA DI et FODES-5, en collaboration avec le PAM, est d’appuyer les organisations paysannes dans la mise sur pied d’un système collectif de commercialisation des produits agricoles.

Bien qu’il reste toujours quelques modalités à finaliser, la phase de démarrage a tout de même été réalisée. Cette première phase a permis d’identifier les principaux produits cultivés dans la zone et d’avoir une approximation des quantités commercialisables disponibles. Au-delà des statistiques, cette phase a surtout permis de rencontrer des leaders agricoles de la zone et d’en connaître davantage sur les organisations paysannes qu’ils représentent. À n’en pas douter, le potentiel de ces productrices et producteurs est énorme, il ne manque plus qu’à le développer pour remplir le ventre de 3 500 (ti moun).