Producteurs agricoles en plein travail! / Crédit photo : UPA Développement international

Fabrice Larue
Agent de projets
UPA Développement international

Les premières pluies de juin annoncent le début de la campagne agricole dans la commune de Savalou au centre du Bénin. Les représentants de l’Union des groupements des agriculteurs Mowossokpo (UGAM) s’activent pour acheter les engrais et les semences de maïs. Accompagnée par UPA Développement international (UPA DI), l’organisation met en place un nouveau service collectif de mise en marché. La période est cruciale, car les membres du conseil d’administration de l’union doivent s’entendre sur le prix que l’organisation versera aux membres lorsque ceux-ci livreront leur maïs.

Les premières discussions évoquent un prix relativement élevé, dans le contexte béninois, de 0.31 $/kg. Au cours de la rencontre mensuelle des élus, un rappel des principes du système collectif de mise en marché est fait par l’agent de projet d’UPA DI. Il invite les administrateurs à imaginer ce qu’ils souhaitent comme avenir pour leur organisation et à laisser leur casquette de producteur pour coiffer celle d’administrateur.

La décision à prendre est délicate, car le marché du maïs est complexe au Bénin. Depuis quelques années, les pluies sont plus aléatoires. Les fluctuations de la monnaie du voisin nigérian, première puissance économique du continent africain, ainsi que le blocage sporadique des exportations de céréales par les autorités politiques peuvent faire varier le prix du kilo de maïs de plus de 50 % d’une année à l’autre. Dans ce contexte très instable, l’expérience d’UPA DI en matière de mise en marché collective n’est pas de trop.

Les discussions en langues locales commencent. Le ton monte parfois, les producteurs s’écoutent, s’observent. Chacun sait qu’il aura à expliquer aux autres producteurs, après la réunion, les raisons du choix du prix de cette année. Un prix trop élevé risque de mettre en danger l’organisation. À l’inverse, un montant trop bas peut décourager certains membres. Finalement, le président, monsieur Étienne Coffi GBAMETON, se lève. Il ramasse les arguments des uns et des autres et annonce un prix, plus bas qu’anticipé au départ, de 0.18 $/kg. Il rappelle aussi qu’en cas d’excédent, des ristournes pourront être reversées aux membres.

Cette décision est courageuse et nécessaire pour le développement du service. Et si les administrateurs de l’union continuent à porter la bonne casquette, ils peuvent certainement espérer un avenir meilleur, tant pour l’union que pour les membres qu’ils représentent.