Crédit photo : Vanessa Cotineau

Vanessa Cotineau
Étudiante à la maîtrise à l’Université du Québec en Outaouais

Lorsque je suis arrivée au Sénégal en septembre dernier pour y faire mon terrain de recherche, j’ai été accueillie avec bonté par les membres de l’Union des groupements paysans de Meckhé (UGPM). Avant même de faire ma connaissance, ils m’ont invitée à prendre le repas avec eux. Il existe au sein de cette organisation une ambiance particulière. Je n’ai pu la comprendre pleinement qu’après quelques semaines passées dans la commune.

Un des principaux problèmes dans les milieux ruraux au Sénégal est l’exode des jeunes. À la maison familiale où j’habitais, j’ai pu faire la connaissance d’un groupe de jeunes hommes. Ils se rassemblaient en soirée pour discuter de leur association sportive de football. Certains rêvent d’être choisis pour aller jouer dans une équipe en France. Lorsque j’ai abordé le sujet du mariage, tous, sans exception, m’ont exprimé leur désir d’épouser une femme blanche.

J’ai été frappée par le désespoir qui se reflète dans leur envie de quitter la région, voire même le pays, ou que de l’argent facile leur tombe dessus. Je ne peux pas leur en vouloir lorsque je pense au portrait de l’Occident qui leur a été peint depuis la période coloniale et des histoires de réussites à l’étranger qui leur ont été racontées. Ce n’est pas qu’ils sont désintéressés à travailler au Sénégal, c’est qu’ils ne voient pas d’opportunités de s’en sortir.

L’exode des jeunes représente une des préoccupations principales de l’UGPM. Lors d’une discussion avec Samba Mbaye, responsable du programme Les Savoirs des gens de la terre (LSGT), il m’expliqua les problèmes que les jeunes rencontrent à l’étranger. Les familles investissent pour les envoyer en France ou au Canada. Les jeunes se retrouvent loin de chez eux, dans un pays où le coût de la vie est de beaucoup supérieur au Sénégal. Ils s’efforcent d’économiser pour envoyer de l’argent à leurs parents. Lorsque la crise économique les a frappés, les jeunes qui ont perdu leur travail sont devenus à nouveau dépendants de leur famille pour les soutenir.

L’UGPM, avec le programme LSGT, offre des opportunités aux jeunes de prospérer dans leur propre milieu en appuyant leurs projets agricoles économiques. À Lonkane, premier village où LSGT a été implanté dès 2004 en collaboration avec UPA Développement international, les habitants notent d’ailleurs un retour de leurs jeunes des villes et un regain d’intérêt pour la vie dans les villages. De nouvelles portes ont été ouvertes pour l’avenir de Meckhé.