Des céréales… qui changent le monde

Hélène Jolette
UPA Développement international
Il y a cinq ans à peine, qui aurait cru que le Programme alimentaire mondial (PAM) ferait appel à des organisations paysannes (OP) de l’Afrique de l’Ouest pour lutter contre la faim. Selon Normand Jacob, chargé de programmes à UPA Développement international (UPA DI), « cela nécessite un niveau de professionnalisation élevé des OP, car celles-ci doivent être en mesure de regrouper au fil des campagnes l’excédent céréalier de leurs membres et d’assurer un bon suivi de qualité. Pour y arriver, il a fallu de notre part un accompagnement structuré, au fil des années, afin que les paysans comprennent les avantages de la mise en marché collective et s’en approprient le fonctionnement. L’autre défi a été de fidéliser leurs membres ». Ce long chemin pour mettre en place des services collectifs ressemble étrangement à celui emprunté par les producteurs du Québec.
Normand, qui accompagne des OP de pays d’Afrique de l’Ouest depuis 1995, nous confiait un fait éloquent relatif à l’une d’entre elles. « Entre 2008 et 2011, Faso Jigi, de la région de Ségou au Mali, a vendu 6365 tonnes de céréales au PAM pour répondre à la crise alimentaire de pays dans la sous-région. Ceci représentait la plus grande partie de son stock de céréales. »
Dans le pays voisin, au Burkina Faso, le PAM sollicite aussi depuis quelques années une autre OP partenaire d’UPA DI, l’Union des groupements pour la commercialisation de produits agricoles de la Boucle du Mouhoun (UGCPA/BM). Le but est de constituer un stock de sécurité de céréales afin de faire face à d’éventuelles crises alimentaires. Fait intéressant, l’État de ce pays implique aussi cette OP pour créer un stock de régulation de marché, dans l’optique de stabiliser les prix aux consommateurs. Selon Normand, « l’avantage pour l’État de faire appel à cette OP est qu’elle peut répondre rapidement à une demande, car on sait où se trouve le stock et de combien de tonnes elle dispose. L’autre avantage est qu’elle peut stocker les céréales dans ses propres entrepôts, donc pas besoin de les déplacer ».
Comme quoi le partage de l’expertise des producteurs du Québec peut contribuer à changer le monde… et faire de ces OP des acteurs clés pour contribuer à améliorer la sécurité alimentaire ou intervenir en cas de crise alimentaire.
Cette chronique est réalisée grâce à la contribution financière de l’Agence canadienne de développement international (ACDI).