Crédit photo : UPA Développement international

Hugo Beauregard-Langelier
Chargé de programmes
UPA Développement international

 

Les années précédant l’indépendance d’Haïti, acquise en 1804, ont été marquées par une révolte menée principalement par d’anciens esclaves. Ils avaient fui pour se cacher dans les mornes, ces immenses et nombreuses collines qui caractérisent le paysage haïtien. Les « Marrons », nom qui leur avait été donné et signifiant « retour à la liberté », se sont unis pour combattre le colonialisme et mener leur pays à l’indépendance. Aujourd’hui, derrière ces mêmes mornes, des paysannes et des paysans se sont regroupés pour combattre la pauvreté. Depuis mars 2014, huit organisations paysannes de la région de Labrousse ont uni leurs forces en fondant la Fédération des organisations de paysans et agriculteurs pour le développement économique et social (FOPADES). Sa mission première est d’offrir des services économiques qui permettront le développement des exploitations familiales et l’amélioration des revenus de leurs membres.

En 2009, UPA Développement international (UPA DI) et la Fondation pour le développement économique et social (FODES) ont démarré leur collaboration afin d’appuyer quatre organisations paysannes. L’appui s’est fait à travers le programme Les savoirs des gens de la terre (LSGT) qui vise à accroître les revenus des paysannes et des paysans par une approche intégrée de formation et de développement de l’agriculture. En 2011, quatre autres organisations ont été appuyées. C’est en partie sous l’impulsion de cette initiative qu’aujourd’hui les huit organisations ont décidé de se fédérer. En plus des formations, LSGT a permis de remettre à chacune des huit organisations des fonds rotatifs. Ils ont servi d’investissements à des projets agricoles individuels, au sein des exploitations, ou collectifs, au niveau des organisations. L’argent continue d’être remboursé pour en faire bénéficier d’autres paysannes et paysans.

Les premiers pas de la FOPADES viseront à développer un service de mise en marché collective pour approvisionner les cantines scolaires de la région et à intégrer une neuvième organisation. Les membres ont accepté qu’une partie de leurs fonds rotatifs soit mise à la disposition de celle-ci. En plus des fonds, la fédération veut partager les formations dont ses membres ont bénéficié. Comme quoi, plus de deux cents ans après les Marrons, les Haïtiens sentent toujours la nécessité de s’unir afin d’accroître leur autonomie économique et sociale.