Ils viennent de trop loin
Crédit photo : Miranda Ho

Jacob Hamel-Jolette
Agent de projets
UPA Développement international

C’est sous un soleil de plomb que nous arrivons au village de Sinou Mbarik au Sénégal. Les femmes nous accueillent avec une chanson très rythmée, chantée en langue locale, le Wolof. Samba, notre accompagnateur, me glisse à l’oreille que les paroles font l’éloge de l’entrepôt construit dans le cadre du programme Les Savoirs des gens de la terre (LSGT). La chanson se poursuit en disant : « Jacob et Miranda, ils viennent du Canada, ils viennent de trop loin. » Une déclaration de leur gratitude pour UPA DI qui a appuyé leur communauté malgré cette distance qui nous sépare.

Fin août, je faisais mes valises afin de me rendre pour la première fois au Sénégal. Ma mission était de documenter l’expérience LSGT et, surtout, les résultats atteints depuis 2004. Rappelons que c’est un programme intégré de formation et de développement de l’agriculture par le renforcement des capacités des paysans et de leurs organisations. Les formations portent sur différents thèmes permettant d’améliorer les techniques de production et la gestion des entreprises, ainsi que de stimuler la vie organisationnelle. Par la suite, les gens ont accès à des fonds afin de réaliser des projets d’amélioration de leurs entreprises ainsi qu’un projet collectif qu’ils ont eux-mêmes élaborés au cours des formations.

Nous avons eu plusieurs rencontres dans différents villages, souvent à l’ombre d’un grand arbre, afin de bien saisir la portée du programme. Plusieurs témoignages étaient empreints d’émotions lorsqu’ils nous expliquaient le chemin parcouru au fil des années.

Après l’introduction musicale, la présidente nous a affirmé à quel point le programme avait renforcé la solidarité au sein de son village et de quelle manière leur projet collectif de magasin de stockage avait changé la vie des gens. Ils peuvent maintenant entreposer les récoltes et les semences dans de bonnes conditions. Ceci permet d’avoir des épargnes alimentaires jusqu’à la prochaine récolte, des semences de qualité et de ne plus dépendre des prêteurs-usuriers.

La présidente a aussi fait référence à un proverbe présenté au cours des formations : « Il faut creuser aujourd’hui les puits pour étancher les soifs de demain. » Pour elle, le projet avait donné au village les moyens d’étancher leur soif.