Des organisations paysannes de l'Afrique de l'Ouest contribuent à la sécurité alimentaire de la sous-région / Crédit photo : UPA Développement international

André D. Beaudoin
Secrétaire général
UPA Développement international

Il y a vingt ans, au Burkina Faso aussi bien qu’au Mali, il était presqu’impossible de parler de commercialisation avec un paysan, et encore moins avec une paysanne. Au mieux, ils connaissaient les petites ruses des commerçants locaux pour augmenter leurs bénéfices. Certains savaient les déjouer, sans plus. Des marchés de la capitale, ils n’en savaient rien.

Lorsqu’UPA Développement international (UPA DI) a commencé à les appuyer en bâtissant avec eux des systèmes collectifs de mise en marché, le moins que l’on puisse dire, c’est que plusieurs observateurs étaient perplexes. Les uns considéraient que ce n’était pas le rôle des paysans d’investir le champ de la mise en marché. D’autres estimaient que les paysans n’auraient jamais la capacité de bien gérer de tels systèmes. Bref, pour plusieurs, ce n’était pas la voie à suivre.

Vingt plus tard, qu’en est-il exactement? Eh bien, tous les intervenants, des dispositifs de sécurité alimentaire nationaux et internationaux en passant par les banques et les mutuelles d’épargne et de crédit, font appel aux deux organisations que nous avons aidées à faire naître, l’Union des groupements pour la commercialisation des produits agricoles de la Boucle du Mouhoun (UGCPA/BM) au Burkina Faso et Faso Jigi au Mali pour approvisionner les marchés de leur pays respectif de même que de la sous région ouest-africaine.

En outre, l’une d’entre elles, Faso Jigi, vient aussi de redistribuer à ses quelque 2 500 membres pas moins de 272 000 dollars, en plus du prix du marché obtenu lors de la vente de leurs céréales. Ceci représente environ 110 dollars par producteur. Il s’agit là d’une belle réussite, considérant que le revenu moyen annuel au Mali est d’environ 500 dollars.

Rien n’est parfait et tout est perfectible. Cependant, ne boudons pas notre satisfaction à voir de quelle façon des paysannes et des paysans, qui au départ étaient considérés comme négligeables, réussissent avec autant de brio.

Cette chronique est produite par UPA Développement international (UPA DI) dans le cadre d’un projet financé par l’Agence canadienne de développement international (ACDI).