La terre continue de bouger en Haïti

André D. Beaudoin
Secrétaire général
UPA Développement international
Il n’y a pas que les séismes qui font bouger le sol en Haïti. À Labrousse, la terre se fait brasser et cette fois-ci, ce sont les paysannes et paysans qui s’en chargent. Ils le font dans le plus grand respect de l’environnement et à travers une démarche citoyenne.
N’allez pas croire que ce sont les esprits qui soulèvent les montagnes. Par contre, l’esprit qui règne dans ce coin de pays remue la population au point de déplacer la terre pour en faire des terrasses changeant l’angle des Mornes, ces collines des Antilles. Ce changement donne un nouvel angle de vue aux gens de la place dans tous les sens du mot. C’est ainsi que, chaque jour, de nouvelles perspectives de développement naissent à Labrousse.
C’est ce constat que le président général de l’UPA a pu faire lors de son séjour en Haïti, du 8 au 12 août dernier. Il a été à même de voir une population débordante d’énergie, fière de ce qu’elle accomplit dans un monde qui semble enfin lui sourire. Et du monde souriant, il y en a énormément là-bas. Chacun a sa raison et toute sa tête, et c’est justement cette conjugaison qui donne un nouveau visage à la région.
Il ne s’agit pas juste de regarder l’embellie, mais simplement de prendre acte que le paysage est en train d’être remodelé au rythme des mentalités. Plus de 400 familles y travaillent tous les jours, représentant près de 4000 personnes. Déjà 23 hectares aménagés sur les 200 prévus. Près de 90 projets d’amélioration des exploitations agricoles et une ferme-école permettent un nouvel essor de l’agriculture du coin.
De Labrousse à Port-au-Prince, il y a 66 kilomètres et près de trois heures de route à faire pour rencontrer les plus hautes autorités du pays. Le président Martelly a déplacé d’autres engagements sans que cela lui semble une montagne. Il nous est apparu simple et disponible et, avec lui, il nous a semblé clair que l’agriculture méritait toute son attention.
Les deux hommes, MM. Martelly et Lacasse, ont donné le ton à la mission. D’ailleurs, cette mission n’appartient pas qu’à eux. Il ne sera pas possible de redonner vie au pays sans le pouvoir de se nourrir. Le constat est clair et partagé par l’ensemble du monde. La volonté semble être également partagée par la communauté nationale et internationale. Reste à poser les gestes pouvant changer durablement l’angle de vue du monde. Des gestes donnant une nouvelle inclinaison au sens de l’engagement. Des gestes permettant à l’espoir de prendre racine définitivement, histoire de repousser le mauvais sort.
Cette chronique est réalisée grâce à la contribution financière de l’Agence canadienne de développement international (ACDI).