Crédit photo : Jean-Charles Gagné/TCN

André D. Beaudoin
Secrétaire général
UPA Développement international

C’est justement ce que le groupe d’économie sociale et solidaire du Québec, le GESQ, a fait la semaine dernière lors de son université d’été, en traitant du modèle agricole mondial. Afin d’en parler de manière consistante, une brochette impressionnante d’invités était sur place, douze personnes dont cinq de trois autres continents.

De plus en plus de gens réalisent que le système alimentaire est au cœur de la dynamique économique qui guide le monde actuellement. Il apparaît plus clairement que le système actuel ne favorise pas l’agriculture familiale. De plus, les chiffres nous indiquent qu’il ne permet pas de réduire de façon significative le nombre de personnes souffrant de la faim.

Madame Nora Ourabah Haddad de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), mentionnait que partout dans le monde, ce sont les exploitants de ferme familiale qui investissent le plus en agriculture. Elle indiquait également que ce type d’agriculture est particulièrement efficace lorsque les agricultrices et les agriculteurs se donnent les services inhérents à la production et à la commercialisation à travers des organisations collectives.

Cette rencontre a permis aussi de mieux définir les concepts d’autosuffisance alimentaire, de sécurité alimentaire et de souveraineté alimentaire. Si l’autosuffisance peut s’apparenter à une forme d’autarcie alimentaire, la sécurité alimentaire ne peut être garantie uniquement sur la base d’un système commercial évoluant au gré d’un marché dont la seule règle est celle « d’être libre ». La souveraineté alimentaire suppose que chaque gouvernement détient un espace politique lui permettant de définir les paramètres assurant à la société la capacité de faire des choix agricoles et alimentaires compatibles avec ses valeurs.

En d’autres mots, manger des fraises uniquement au cours la période de production au Québec serait de l’autarcie. Manger des fraises d’ailleurs, pour ne pas dire se bourrer la fraise à des prix qui nuisent aux producteurs d’ici, pendant la période d’abondance, cela ne garantit pas la sécurité alimentaire du monde. Donner préséance à la fraise du Québec pendant la belle saison, tout en ayant la possibilité de consommer des fraises d’ailleurs en d’autres saisons, cela s’inspire des principes de la souveraineté alimentaire.

Comme le disent les campagnes de promotion « Les fraîches du Québec »!