Tuer puis mourir pour engendrer la peur

André D. Beaudoin
Secrétaire général
UPA Développement international
Bamako, Tunis, Le Caire, Paris, Bagdad, Jakarta, Ouagadougou… Voilà une liste non exhaustive des capitales du monde ayant été touchées par des attaques terroristes ces derniers mois.
Les causes sont multiples, profondes et combien complexes. On a qu’à penser aux effets de la mondialisation. Notamment l’uniformisation que l’Occident tente d’imposer, l’écart entre les riches et les pauvres qui s’accentue, les lucratifs commerces d’armes et de drogue, l’influence politico-géo-stratégique du pétrole, sans oublier les guerres d’extrémistes sous l’égide de la religion.
Les résultats d’autant de déséquilibres et de dysfonctionnements sont connus : radicalisation et instrumentalisation surtout de jeunes. Des attentats sauvages, des victimes innocentes. Des millions de réfugiés et de vies brisées à jamais. Les conséquences sont majeures. La multiplication de ces actes de barbarie engendre l’insécurité partout sur la planète. Le terrorisme tue, même l’économie réelle. Seule l’industrie de la sécurité croît à la vitesse de la peur se répandant comme une traînée de poudre.
Doit-on se taire et attendre que l’armée nous vienne en aide? Je ne crois pas que l’on puisse se payer ce luxe. Chacun, à son niveau, peut jouer un rôle et la coopération internationale doit faire partie de la solution. Ce qu’UPA DI fait avec ses partenaires terrains n’est pas juste une manière d’accroître la sécurité alimentaire d’une localité, d’une région ou d’un pays. Ce que nous faisons nous permet de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Cela permet aux jeunes ruraux, agricultrices et agriculteurs de vivre dignement du travail de la terre.
Nos actions sont en soi un moyen de lutter contre l’exode rural. En effet, démontrer aux jeunes que la terre ne sert pas uniquement à enterrer les morts ou à enrichir les extracteurs de toutes sortes, leur donne espoir d’un meilleur avenir.
L’attaque terroriste du Burkina Faso ne change pas notre conviction de poursuivre notre coopération avec l’Union des groupements pour la commercialisation des produits agricoles de la Boucle du Mouhoun au Burkina Faso. Pas plus d’ailleurs que celle du Mali. Ce qui change c’est notre manière d’intervenir. Nous mettons des dispositifs pour mieux sécuriser les personnes qui interviennent avec UPA DI.
Comme quoi le proverbe africain est juste. « Lorsque deux éléphants se battent, c’est toujours l’herbe qui en souffre. »