Un homme Fidèle, un homme de valeur

André D. Beaudoin
Secrétaire général
UPA Développement international
En 1990 au Burkina Faso, lorsque j’ai rencontré Fidèle Toé pour la première fois, il était en quelque sorte le prolongement de sa caméra, attaché au fil de cette dernière et au fil de l’histoire qui se déroulait devant lui. Vulgarisateur et cinéaste de profession, danseur chorégraphe à ses heures, il est un être de communication. Un homme s’inscrivant dans la pure tradition de la culture Burkinabè et maniant parfaitement les moyens modernes pour la garder bien vivante. Les médiums, essentiels dans cette culture, sont au cœur de la résolution de conflit, mieux ils sont le premier dispositif pour les éviter. Le théâtre, l’humour, le cinéma cohabitent avec la fête des masques, les griots et les autres.
Fidèle a rapidement saisi le potentiel de notre démarche au Burkina Faso. Pour y arriver, il estimait fondamental de valoriser la culture du terroir. Homme de culture, têtu du lever du soleil jusque tard dans la nuit, selon lui, il fallait mettre la vidéo au service du monde paysan.
Déjà, en 1990, Fidèle avait compris bien avant les autres que plusieurs menaces pesaient sur les paysannes et les paysans. Leur non-reconnaissance malgré le fait qu’ils alimentent la vie des autres, le manque d’estime de soi engendré par cette indifférence collective et l’incapacité de vivre décemment de leur travail, étaient au cœur de la problématique.
Dans ce contexte, l’arrivée d’UPA Développement international (UPA DI) était une bénédiction à ses yeux. Aux premières heures, il mit son talent au service de la cause. Il fut un militant de tous les instants. Jusqu’à sa retraite, il donna le pas à toute une génération paysanne en manque d’autonomie. Même après, il poursuivit son engagement jusqu’au jour où sa moto rencontra un caillou et lui cassa le pied et l’élan en se renversant sur lui. Le plus renversant, c’est qu’après une longue convalescence, il reprit les sentiers à la rencontre des cultures du pays.
Infatigable homme de terrain, les yeux brillants, les cheveux blancs souvent recouverts d’une pellicule de poussière de terre rougeâtre, vous le trouverez le plus souvent encore sur sa moto, déterminé à contribuer jusqu’à l’infini.
Cette chronique est produite par UPA Développement international (UPA DI) dans le cadre d’un projet financé par l’Agence canadienne de développement international (ACDI).