Un menu du jour à saveur collective
Crédit photo : Jean-Plésir Jean-Baptiste

Hugo Beauregard-Langelier
Chargé de programmes
UPA Développement international

Quelle est la principale dépense des familles en Haïti? L’alimentation puisque les familles doivent consacrer environ 50 % de leur revenu pour se nourrir. Ce pourcentage grimpe jusqu’à plus de 65 % pour les familles les plus défavorisées. À titre comparatif, ce pourcentage varie entre 12 et 15 % au Québec. Ces chiffres illustrent à quel point la marge de manœuvre financière des familles haïtiennes est quasi inexistante lorsque vient le temps de s’alimenter.

Dans ce contexte de précarité, UPA Développement international, en partenariat avec un regroupement d’organisations québécoises et haïtiennes, réalise un projet afin de renforcer le pouvoir économique des familles. Parmi les mesures retenues pour y arriver, il y a la mise sur pied de cuisines collectives. Ce concept vise à préparer des repas économiques et nutritifs par un petit groupe de personnes qui acceptent de mettre en commun argent, temps et compétences. Bien que ce soit un concept relativement nouveau en Haïti, il a déjà fait ses preuves au Québec et dans d’autres pays.

Malgré le démarrage récent du projet et la nouveauté du concept, une cuisine collective a déjà débuté ses activités. Depuis le mois d’août, une vingtaine de femmes de la localité de Dufresnay, en Haïti, se réunissent une fois par semaine pour préparer collectivement des repas à base de produits locaux. En groupe, elles s’entendent sur les menus, se cotisent à parts égales, désignent des membres pour l’achat des aliments, préparent les repas et repartent ensuite chez elles avec des portions pour leurs familles respectives.

Aux dires de ces femmes, les principaux facteurs de succès reposent sur l’économie réalisée à l’achat des aliments, le fait qu’elles habitent le même village et le partage d’idées dans l’élaboration des menus. S’ajoute également l’appréciation des repas par les enfants et les époux de ces femmes. Cette première cuisine collective est une étape importante dans la réalisation du projet puisque cinq autres initiatives semblables sont prévues d’ici la fin 2016. Ce défi semble plus que jamais réalisable, car selon ce qui se jase à travers les collines du village, il y aurait de plus en plus de femmes prêtent à goûter à cette nouveauté.