À donner froid dans le dos
Crédit photos : André D. Beaudoin

André D. Beaudoin
Secrétaire général
UPA Développement international

Même dans un pays chaud, l’horreur donne froid dans le dos… Le massacre de Charlie Hebdo a presque fait oublier le cinquième anniversaire du drame du 12 janvier 2010 en Haïti. Un tremblement de terre ayant causé la mort de plus de 220 000 personnes et engendré un drame humain d’une puissance exponentielle, tellement il avait été puissant. Une souffrance sans nom pour une grande partie de la population. Sans nom pour un bon nombre de victimes qu’on ne retrouvera jamais. Une souffrance sans nom aussi parce qu’il est difficile de saisir l’ampleur d’une telle catastrophe sur la vie de celles et ceux qui restent.

Juste de te savoir en vie change le sens à donner à celle-ci. Lorsque tu reprends pied, tu te demandes par où commencer la reconstruction. Il n’y a plus de gouvernement, les institutions sont écrasées sous le poids des décombres, les infrastructures sont ensevelies avec les tiens, les routes menant à autrui sont remplies de gravats de vies brisées, en commençant par la tienne. À vue d’œil, tu mesures la démesure.

On ne peut pas oublier ces réalités lorsqu’on parle de reconstruction d’Haïti. On ne peut pas non plus parler de reconstruction d’Haïti sans réfléchir à l’immensité du désastre. La première reconstruction est celle des êtres qui ont vécu ce drame. Possible ou impossible, je ne le sais pas, mais nécessaire pour le moins. Un grand nombre d’Haïtiens l’ont compris. Ils se sont engagés sur cette voie laborieuse. Certains se sont perdus dans les labyrinthes des suites de l’événement. D’autres se sont oubliés personnellement pour se mettre au service du pays.

UPA DI travaille avec quelques-uns d’entre eux. Nous travaillons en particulier avec un homme d’exception, Alfred Étienne. Cet homme a décidé de consacrer sa vie à relever un coin de son pays, Labrousse situé à 65 kilomètres de Port au Prince. En fait, exactement au cœur de l’épicentre du tremblement de terre. C’est comme s’il s’était dit que la reconstruction des êtres et des lieux devaient emprunter le même chemin que la catastrophe.

Il a aussi compris que lorsqu’en apparence rien n’est possible, il faut prendre le meilleur en chaque être humain et en faire le socle du développement. Cela devient un véritable tremblement de cœur.