Crédit photo : UPA Développement international

André D. Beaudoin
Secrétaire général
UPA Développement international

Il y a vingt ans, dans la Boucle du Mouhoun au Burkina Faso, les paysans, producteurs céréaliers, étaient laissés seuls à eux-mêmes devant la montée du néo-libéralisme. À l’époque, la coopération canadienne donna l’opportunité à UPA Développement international (UPA DI) d’aller à leur rencontre pour voir comment les appuyer dans leur volonté de se prendre en main.

Il y a vingt ans, ces mêmes paysans n’avaient d’autre choix que de quémander un prix à des commerçants en quête de profits faciles. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, les paysans n’avaient pas trouvé mieux que de vendre leurs céréales avec un taux d’impureté suffisamment élevé et quelques cailloux en plus, histoire de donner du poids à leurs maigres revenus.

Il y a vingt ans, par-dessus le marché, les producteurs de céréales de la Boucle du Mouhoun ne pouvaient faire autrement que de financer leur campagne de production auprès de ces mêmes commerçants, qui se garantissaient à même la récolte à venir.

En vingt ans, les paysans de la Boucle du Mouhoun se sont donné une organisation capable de gérer un mécanisme de mise en marché collective. Une organisation comptant à ce jour des actifs de plus de 1 million de dollars canadiens, dont un siège social et une capacité d’entreposage de 5000 tonnes. Cela sans compter un fonds de garantie d’une valeur de 300 000 $ permettant d’obtenir pour ses membres des paiements anticipés pour les céréales à mettre en marché par l’organisation.

En vingt ans, l’organisation a progressé au point d’être en mesure d’assumer 80 % de ses frais de fonctionnement et 100 % des coûts de mise en marché. Elle a suffisamment fait évoluer ses membres pour qu’un bon nombre d’entre eux soient capables de comprendre les dynamiques de marché.

En vingt ans, l’Union des groupements pour la commercialisation des produits agricoles de la Boucle du Mouhoun (UGCPA/BM) a su s’imposer comme un acteur incontournable dans la filière céréalière. Elle est reconnue pour son savoir-faire par les autorités du pays ainsi qu’en Afrique de l’Ouest et par des organismes internationaux comme le Programme alimentaire mondial (PAM).

Ce n’est pas en vain que cette coopération de paysans à paysans aura été mise sur pied; au contraire, elle aura permis à l’UGCPA/BM, tout comme à deux autres organisations de même nature, soit Faso Jigi et Baabahuu Jici, toutes deux du Mali, de démontrer la pertinence d’autant d’efforts. Ces trois organisations aux résultats éloquents provenant de deux pays différents témoignent d’un seul succès : celui du savoir-faire paysan.

 Cette chronique est réalisée grâce à la contribution financière de l’Agence canadienne de développement international (ACDI).