L’éclosion d’un modèle québéco-malien

Hugo Bearegard-Langelier
Chargé de programmes
UPA Développement international
La différence entre l’œuf d’une poule québécoise et d’une poule malienne ne se trouve pas tant dans sa forme ou la couleur de son blanc et de son jaune, la différence se trouve dans sa commercialisation. Au Québec, des producteurs d’œufs de consommation se sont regroupés pour se donner un outil de mise en marché qui est devenu Nutri-Œuf. Au Mali, les membres de seize organisations de productrices et producteurs agricoles, regroupant plus de 25 000 membres, travaillent à développer ou consolider des services collectifs de commercialisation. Pour partager l’expérience québécoise, Claude Barnabé, producteur d’œufs de consommation à mont Saint-Hilaire et actionnaire de Nutri-Œuf, s’est rendu au Mali en mai. Son intervention a permis de démontrer l’effet levier que des outils collectifs de mise en marché peuvent avoir sur les exploitations familiales et leur organisation.
Au Québec comme au Mali, quelle que soit la denrée agricole produite, les contraintes postrécoltes tels que conservation, conditionnement et transformation sont omniprésentes. Au Mali, ces contraintes augmentent les difficultés à regrouper l’offre et à la commercialiser. Pour répondre à ces défis, des productrices et producteurs se tournent de plus en plus vers des solutions collectives aux problèmes individuels.
Le projet Feere Diyara, qui signifie « la commercialisation a été bonne », œuvre dans ce sens. Le projet et les seize organisations qu’il appuie misent sur l’implantation de services collectifs pour le développement et la rentabilité économique des exploitations agricoles. Cette initiative, financée par le Ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD), est mise en œuvre par l’Alliance agricole internationale composée des trois organismes québécois comprenant UPA Développement international, la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI) et le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI).
Concrètement, les organisations de productrices et producteurs pourront compter, dès septembre 2015, sur un fonds d’investissement. Son objectif est de financer l’achat d’équipements et la construction d’infrastructures postrécoltes à portée collective. Lors du lancement du fonds, les représentants de chacune des organisations ont été informés que les investissements en équipements ou infrastructures ne sont que des outils pouvant structurer un service collectif. En se référant à l’exemple québécois, Claude Barnabé a rappelé qu’au-delà des outils matériels, les véritables fondements d’une approche collective de mise en marché passent par l’engagement, l’implication et la discipline de chaque productrice et producteur.