Production maraîchère sur terrasse à Lozier, en Haïti / Crédit photo : Michel Gendreau

André D. Beaudoin
Secrétaire général
UPA Développement international

Il n’y a pas de quoi manger, à moins que? La tempête Sandy a frappé New York et le New Jersey, tout le monde le sait. Tout le monde sait aussi que le maire de New York a demandé une aide de 30 milliards de dollars pour permettre à sa ville de se relever. On estime à plus de 50 milliards le coût de cette tempête pour les États-Unis.

On sait moins que la tempête est passée par Haïti avant les États-Unis. C’est vrai que le coût des dommages n’est pas aussi élevé. « Que voulez-vous » comme dirait l’autre, ils n’avaient rien d’autre que des petites maisonnettes, alors les pertes sont forcément moins grandes. Peut-être, mais pas moins importantes. Lorsque tu perds ton toit, peu importe sa valeur, tu perds ton dernier refuge et une partie de ta dignité.

Lorsque 70 % des récoltes sont emportées par les torrents, ce sont les derniers espoirs et le reste de ta dignité qui sont ensevelis sous l’eau. Tu touches alors les bas-fonds, à moins que tu puisses voir de nouvelles perspectives.

L’ACDI apporte un appui financier à UPA DI et son partenaire haïtien, FODES-5, depuis 2009, pour soutenir le développement d’une agriculture durable à Labrousse, en plein cœur du territoire visé par l’œil de Sandy. Ce projet a donné forme à huit hectares de terrasses permettant la production maraîchère en flanc de montagne. S’ajoute 155 hectares où il y a eu la construction d’aménagements antiérosifs.

Résultat : Sandy n’est pas venue à bout des terrasses. Il y a donc de l’espoir d’autant plus qu’elles démontrent plusieurs autres avantages, dont l’augmentation du niveau de la nappe phréatique, situation très utile en saison sèche.

Que retenir? Lorsqu’on n’a pas les moyens, on finit par faire les choses à l’envers. Produire dans les bas-fonds dans un pays à fortes probabilités de pluie diluvienne, c’est prendre un énorme pari sur la température. Produire en montagne, à partir d’installations adéquates, c’est de maîtriser le temps et de s’inscrire dans la durée.

C’est aussi retrouver sa dignité en ayant le sentiment que devant l’adversité, tout n’est pas toujours recommencement.

Cette chronique est réalisée grâce à la contribution financière de l’Agence canadienne de développement international (ACDI).