Relance à Tombouctou

Hugo Beauregard-Langelier
Chargé de programmes
UPA Développement international
La ville de Tombouctou, porte d’entrée du Sahara, a longtemps frappé l’imaginaire par son caractère lointain, voire mythique. Dernièrement, cette ville du Mali, en Afrique de l’Ouest, a fait les manchettes pour de toutes autres raisons. Victimes des conflits qui secouent présentement certaines parties du Moyen-Orient et de l’Afrique, la région de Tombouctou a connu son lot de violences. Avec l’arrivée de forces européennes, les hostilités se sont déplacées plus au nord et les gens de cette région reprennent avec détermination leur développement en main.
Parmi ces gens, il y a Baabahuu Jici, une organisation de productrices et producteurs agricoles qui a longtemps été appuyée par UPA Développement international (UPA DI). Principalement en raison de l’insécurité dans laquelle s’enlisait la région, le dernier appui d’UPA DI s’est terminé en 2011. Malgré le contexte, les productrices et producteurs de Baabahuu Jici ont relevé la tête et décidé de relancer leurs activités, notamment la transformation et la mise en marché collective de leurs céréales. Puisque l’organisation a été déstabilisée et que plusieurs équipements ont été vandalisés ou non entretenus, la première étape a été de regrouper les membres et de trouver un appui financier pour entamer la reconstruction.
Cet appui financier, Baabahuu Jici l’a trouvé auprès de la coopération canadienne au Mali à travers un fonds dédié aux initiatives de sécurité alimentaire. Les membres et les élus auraient facilement pu utiliser la presque totalité de l’argent pour l’achat d’équipements. Ce n’est toutefois pas ce qui a été décidé. Une partie a bien servi à l’achat d’équipements, mais une somme d’argent a été réservée pour faire appel à UPA DI. Les réflexions menées par Baabahuu Jici pour réaliser sa relance l’ont conduit à considérer UPA DI comme un partenaire qui pourrait l’accompagner dans cette démarche. C’est dans cette approche que Baabahuu Jici et UPA DI ont redémarré leur collaboration.
Au-delà de la relance, la singularité du partenariat est que Baabahuu Jici, une organisation déterminée, mais précaire, fasse appel de son propre gré et avec ses propres ressources financières à UPA DI. Ce partenariat renouvelé démontre que la guerre et l’insécurité n’ont pas brisé les liens unissant les deux organisations et illustre surtout un exemple concret d’une initiative venant de la base.